Il y a une chose que j’ai rarement confié, l’âge venant je me lâche, autant être honnête et dire les choses : j’ai du mal avec « les gens ».

 

J’ai longtemps cru que c’était pour tout le monde pareil, mais parait que non… Par exemple quand on m’interpelle alors que je suis dans ma bulle, ça me fait mal sous la peau. C’est une réaction étrange, une sorte d’ulcération généralisée, ça se tord sous mon derme comme si tous mes nerfs vrillaient. Ce n’est pas à confondre avec un banal agacement, c’est une réelle douleur, vive, au point de serrer les dents en attendant que ça passe.

 

Et il n’y a pas que lorsqu’on me parle, parfois il me suffit seulement d’entendre soudain « l’autre » quel qu’il soit, simplement respirer trop fort pour que tout en moi se hérisse douloureusement.

 

Avant le Covid il y avait une mode que je ne cessais  d’esquiver, la putain de caresse dans le dos au moment de se quitter. Déjà que faire la bise me gonfle il fallait aussi parfois encaisser le « chaleureux » frotti frotta dans le dos censé communiquer la bienveillante amitié de l’autre humain. Arf !

 

Et je m'abstiens de répondre à ces mots qui ont le don de m’énerver : Prends bien soin de toi !  A Chaque fois je me représente au sortir du bain en peignoir, vulnérable, en train de me faire un masque de beauté… Mais de quoi il se mêle l’autre con ou l’autre conne pour me dire d’aller me laver et me faire un gommage ? ! Prends bien soin de toi… Je n’arrive pas à saisir le sens de ce message, je le trouve limite intrusif…

 

Je suis souvent mal coiffée, les cheveux trop longs pour avoir une coupe définie qu’il suffit de retaper.  Aller chez le coiffeur m’angoisse… En plus il faut prendre rendez-vous. L’enfer, pendant plusieurs jours  je me dois me préparer à ce qu’on me touche et qu’on me parle. Ce que je voudrais c’est qu’on me coupe les cheveux quand j’en ai le courage, lorsque que je me sens prête enfin à m’engouffrer dans un salon avec des inconnus et que je dise « allez-y bordel ! Coupez-moi les cheveux et qu’on en finisse ! Ben non, faut prendre rendez-vous… Pour abréger le supplice, la plupart du temps je ressors les cheveux mouillés avec une coupe qui ne me plait pas parce que tétanisée par l’anxiété je n’ai pas su(pu) expliquer ce que je voulais…  

 

Je suis invitée en mai au salon du livre de Limoges à l’occasion de la réédition de « Personne ne parlera de nous lorsque nous serons morts » Au Diable Vauvert (enfin ! Chic !) Je suis contente… Mais lorsque j’ai annoncé ça à un ami, sa première réaction a été de me dire en regardant ma trop longue tignasse ébouriffée par la tramontane : d’ici là tu as le temps d’aller chez le coiffeur…

 

Il va falloir que je prenne rendez-vous…