22 juin 2016

Une belle critique ! Merci monsieur CARCHON

 

Requiem pour une racaille, de Gil Graff

En quelques pages, le lecteur est plongé dans une nuit au climat oppressant, où manger, vivre en sécurité, sauver sa peau est devenu problématique...
L’uchronie est un genre littéraire qui eut son heure de gloire dans la seconde moitié du XIXème siècle. L’auteure de Requiem pour une racaille a décidé de s’y coller. C’est tout à son honneur. Beaucoup pourraient être tentés de classer Gil Graff dans la famille des écrivains naturalistes. A tort. Ce serait mal la connaître. Avec ce Requiem… l’auteur nous fait entrer dans un cauchemar sans fin, où la condition humaine est décrite sans fard, sans once de complaisance, et confrontée au crime et à l’horreur, monde dans lequel se croisent des enfants, des géants, de petits et grands monstres, évoluant dans un monde fasciste où, pour peu qu’on soit du côté du manche, on a droit de vie et de mort sur tous les parasites, les éclopés, les faibles, les enfants qui vous tombent sous la main. Julien, jeune homme à la situation plus que précaire, a su jouer des coudes dans cet ordre nouveau et se placer auprès de Wint, exécutant du tout récent régime, sorte d’ogre sanguinaire, violent et amoral. Très vite, notre Julien fait ses premières gammes dans l’horrifique. Comme il veut s’en sortir à tout prix, ne plus être humilié et que Dieu en ce monde est bien mort, tout est permis pour lui. La nouvelle cité est en marche, déterminée à écraser tous ceux qui, par malheur, se dresseraient sur son chemin. Ces autres pourraient bien être Lenny, frère de Julien, et une jeune femme prénommée Victor, qui ont pu fuir un camp d’endoctrinement, duo à la Steinbeck où Lenny incarne le géant au cerveau limité protégeant sa nouvelle et fluette amie. L’un a la force physique, l’autre une tête bien faite et n’a ici rien d’une souris… En quelques pages, le lecteur est plongé dans une nuit au climat oppressant, où manger, vivre en sécurité, sauver sa peau est devenu problématique. L’auteur, sous le masque d’une conteuse n’hésitant pas à faire dans le grotesque, le grimaçant, parfois à la manière d’un L.F Céline, nous trousse une terrifiante fable qui nous renvoie (encore plus aujourd’hui qu’à la sortie du livre) à une réalité qui hélas se dessine : l’arrivée des barbares par la force ou les urnes. Le frisson est palpable ; ça pourrait bien le faire, comme on dit aujourd’hui. La force littéraire de Requiem pour une racaille tient aux moyens allégoriques qu’emploie Gil Graf pour nous forcer à regarder comment s’installe, fonctionne le fascisme. Comment l’ignoble et l’inhumain se mettent en place. Mais nous restons dans le roman, entre conte et sotie. On n’est pas loin d’Alice, de Gulliver, parfois même du côté du récit sadien et du Perrault de Barbe bleue. C’est dans cette sarabande bouffonne, aux confins de l’horreur que s’exhale le discours politique, enchâssé dans l’histoire comme un venin qu’instilleraient les phrases de Requiem pour une racaille. Un immense bravo à l’auteur qui excelle dans les situations scabreuses, jamais gratuites, dans la peinture saignante et peut-être au couteau de l’horreur programmée, au long de cette sanguine à drôle de goût d’apocalypse.  

Editions Ultima Necat - 352 pages - 13 €

Yves CARCHON

Requiem pour une racaille, de Gil Graff

France | Littérature Vu 576 fois En quelques pages, le lecteur est plongé dans une nuit au climat oppressant, où manger, vivre en sécurité, sauver sa peau est devenu problématique... L'uchronie est un genre littéraire qui eut son heure de gloire dans la seconde moitié du XIXème siècle.

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02 avril 2014

L'avant "Concerto pour l'abattoir", Chronodrome " Réquiem...

Chronodrome-Requiem-pour-une-racaille-vign
Extrait de la préface de Jérôme Leroy:

Chronodrome que l'on vous présente aujourd'hui n'a pas franchement l'imaginaire bien range. Il est le reflet de la vision tour à tour libertaire, cruelle, inquiète, drôle et senseuelle de l'auteur.

Gil Graff, dans Chronodrome plus qu'ailleurs, c'est Claudine égarée dans un Disneyland préfasciste... (...) Que l'on se souvienne d'un père fondateur, Edgar Poe, qui savait écrire des nouvelles qui fondèrent le genre policier, le genre noir, le fantastique, l'horreur, le roman d'aventure et même la science-fiction, avec les Aventures d'Arthur Gordon Pym. Gil Graff est l'héritière de cette liberté-là, oubliée aujour'hui.

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11 juin 2005

Chronodrome

- Mais c'est incroyable cette incrédulité dont tu fais montre. Pourquoi es-tu prête à me suivre alors ?

- Je te l'ai dit, ce qui m'importe, c'est de partir de Villonne. Si tu me proposais Tombouctou, je n'y verrais aucun inconvénient, je m'inquiéterais juste de savoir si on aurait assez d'essence. Tes histoires de Chronodrome, je ne peux pas y croire, ça va à l'encontre de mes idées. Si je te disais que j'ai refusé toute notion d'études à cause de ce principe même : à quoi bon remplir une cervelle puisqu'elle finira par pourrir, comme le reste. N'importe quel cédérom est plus immortel que moi, je n'aime pas les efforts vains. Et toi tu viens me parler de voyages dans le temps et de messages subliminaux, je trouve que les humains sont à dégueuler, à la limite de savoir que l'humanité va perdurer encore cinquante mille ans ans, ça me fout en l'air, il est où le temps béni ou il n'y aura plus rien ni personne pour foutre la merde !

- Derrière nous, loin très loin.

- Ben moi, c'est par-là que je voudrais aller ! Je me fous du futur s'il est fait à partir de notre présent !

- Donc, je te casse les pieds...

chrono_cbe

ISBN : 9782361330095
Sortie en : juin 2005
Editions : Cap Béar

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