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Gil Graff
19 novembre 2021

Le lundi 22 Novembre une Graff de retour au camp Joffre par génération interposée

Le lundi 22 Novembre une Graff de retour au camp Joffre par génération interposée… via le Mémorial de Rivesaltes et grâce à l’association Occitanie Livre &Lecture.

Je l’avais déjà mentionné lorsque que j’avais eu le prix Vendémiaire aux vendanges littéraires de Rivesaltes pour « Personne ne parlera de nous lorsque nous serons morts » : mes grands-parents Graff et leurs six enfants dont ma mère, ont été internés au camp de rivesaltes de février à novembre 1942 (avec quelques allers-retours au camp du Barcarès) puis envoyés au camp de nomades de Saliers d’où ils seront libérés en juin 43.

Si je connais les alentours du camp Joffre je n’ai jamais visité le Mémorial. Je ne me faisais pas à l’idée d’acquérir un billet pour y aller...  

Et puis dernièrement arrive ce mail  inattendu de Cécile de l’association Occitanie Livre & Lecture qui me propose d’animer deux ateliers d’écriture avec des lycéens au Mémorial de Rivesaltes le 22 novembre.

Je vais donc enfin entrer dans ce Mémorial avec un bon prétexte, je l’admets, j’en suis très contente.

J’aime assez lorsque le hasard fait bien les choses.

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14 mars 2021

Les autres...

 

Il y a une chose que j’ai rarement confié, l’âge venant je me lâche, autant être honnête et dire les choses : j’ai du mal avec « les gens ».

 

J’ai longtemps cru que c’était pour tout le monde pareil, mais parait que non… Par exemple quand on m’interpelle alors que je suis dans ma bulle, ça me fait mal sous la peau. C’est une réaction étrange, une sorte d’ulcération généralisée, ça se tord sous mon derme comme si tous mes nerfs vrillaient. Ce n’est pas à confondre avec un banal agacement, c’est une réelle douleur, vive, au point de serrer les dents en attendant que ça passe.

 

Et il n’y a pas que lorsqu’on me parle, parfois il me suffit seulement d’entendre soudain « l’autre » quel qu’il soit, simplement respirer trop fort pour que tout en moi se hérisse douloureusement.

 

Avant le Covid il y avait une mode que je ne cessais  d’esquiver, la putain de caresse dans le dos au moment de se quitter. Déjà que faire la bise me gonfle il fallait aussi parfois encaisser le « chaleureux » frotti frotta dans le dos censé communiquer la bienveillante amitié de l’autre humain. Arf !

 

Et je m'abstiens de répondre à ces mots qui ont le don de m’énerver : Prends bien soin de toi !  A Chaque fois je me représente au sortir du bain en peignoir, vulnérable, en train de me faire un masque de beauté… Mais de quoi il se mêle l’autre con ou l’autre conne pour me dire d’aller me laver et me faire un gommage ? ! Prends bien soin de toi… Je n’arrive pas à saisir le sens de ce message, je le trouve limite intrusif…

 

Je suis souvent mal coiffée, les cheveux trop longs pour avoir une coupe définie qu’il suffit de retaper.  Aller chez le coiffeur m’angoisse… En plus il faut prendre rendez-vous. L’enfer, pendant plusieurs jours  je me dois me préparer à ce qu’on me touche et qu’on me parle. Ce que je voudrais c’est qu’on me coupe les cheveux quand j’en ai le courage, lorsque que je me sens prête enfin à m’engouffrer dans un salon avec des inconnus et que je dise « allez-y bordel ! Coupez-moi les cheveux et qu’on en finisse ! Ben non, faut prendre rendez-vous… Pour abréger le supplice, la plupart du temps je ressors les cheveux mouillés avec une coupe qui ne me plait pas parce que tétanisée par l’anxiété je n’ai pas su(pu) expliquer ce que je voulais…  

 

Je suis invitée en mai au salon du livre de Limoges à l’occasion de la réédition de « Personne ne parlera de nous lorsque nous serons morts » Au Diable Vauvert (enfin ! Chic !) Je suis contente… Mais lorsque j’ai annoncé ça à un ami, sa première réaction a été de me dire en regardant ma trop longue tignasse ébouriffée par la tramontane : d’ici là tu as le temps d’aller chez le coiffeur…

 

Il va falloir que je prenne rendez-vous…

 

30 décembre 2019

Quand ça veut pas, ça veut pas, mieux vaut en rire...

Le 16 décembre 2018, j’ai été réveillée à 6 heures par un sms. Il provenait de l’EDITRICE !  (voir l’article du mars 2016). Et là, je lis encore ensommeillée (j’écris la nuit): que la dame pense à moi parce qu’elle fait du rangement dans son bureau et qu’elle vient de tomber sur mon livre « requiem… » et qu’elle se demande si je n’ai pas un manuscrit à lui envoyer car elle aimerait bien le lire.  

J’ai pris le temps de boire un café et j’ai relu le message, plusieurs fois. Le problème : des manuscrits (histoires plutôt) en cours j’en ai plusieurs, je les abandonne, les relis, les reprends, bref, j’écris comme une  qui prend son temps, une…. Dilettante je suis, dilettante je reste.

Bon, quoi lui annoncer à la dame ? La vérité, c’est plus simple. Donc je lui réponds que j’ai plusieurs histoires en cours mais rien d’abouti, mais « Personne ne parlera de nous lorsque nous serons morts » m’est régulièrement demandé surtout que nous allons passer en 2019 et qu’il va y avoir l’anniversaire de la retirada février 39…. Donc peut-être une réédition avec une vraie diffusion nationale ?

J’envoie mon sms le cœur battant.

La réponse de la dame » : oui je suis intéressée, peut-être en grand format en mai ? Mais trop tard pour les commémorations, mais parlons-en, et le jeunesse aussi (c’était pour Concerto pour l’abattoir) parlons-nous…

Ben tu parles que j’ai envie de lui causer, mais je me tempère.

La dame m’indique les jours où elle est trop occupée et propose, pourquoi pas ? après les vacances de Noël.

J’essaie, tant que faire se peut, ne pas être une emmerdeuse, je diffère donc et lui dis, que c’est d’accord, nous verrons ça à la rentrée.

Si j’étais contente ? J’étais carrément sur un nuage, la vie était belle, tout allait bien, je pouvais me remettre à écrire plus assidûment, j’avais des perspectives de publications dans cette maison d'édition qui me fait rêver depuis presque vingt ans. J’ai eu un merveilleux Noël.

Et puis, je ne sais pas pourquoi le 26 décembre j’ai commencé à psychoter, et si la dame changeait d’avis ? Et si en fait rien ne se passait ? Putain de doutes qui m’assaillaient. Des doutes ou un pressentiment ?

J’ai attendu un message voire un coup de fil jusqu’au 7 janvier jour de la rentrée des classes. A dix-huit heures, je suis allée dans ma voiture pour l'appeler, je ne voulais pas être assommée chez moi. J’ai eu la dame, elle trouvait que l’enregistrement pdf de mon texte était trop petit et lui pétait les yeux…. Qu’il y avait quelques longueurs, que c’était dense…

—Heu, mais, ça te plait au moins ?

—Oui oui, c’est un livre de fond, faut voir, je vais demander aux commerciaux ce qu’ils en pensent…. Je réfléchis….

Mon cœur s’est arrêté.

Je devais la rappeler, lui dire les dates des commémorations, mais ici la retirada c’est tous les ans qu’on se souvient de février 1939…

J’ai rappelé, j’ai causé au répondeur.

En mai, je lui ai téléphoné pour savoir si je devais répondre à la région que je n’aurai aucune publication pour 2019, à nouveau après les sonneries d’usage (j’imagine Gil Graff qui s’inscrit sur on téléphone) je dépose ma demande sur son répondeur….

J’ai compris que je devais passer à autre chose, c’était violent, cruel même, puisque je n’en mourrais pas j’allais donc devenir plus forte( je vais finir par devenir  super baléze).

Le lundi 1er juillet je suis en route pour le rucher, j’ai des soucis avec les frelons asiatiques, il fait une chaleur à crever, bref ! J’ai la tête dans mes abeilles. Je reçois un appel téléphonique d’une dame âgée. Elle tient à me parler car elle a lu « Personne ne parlera de nous… » que lui a refilé un producteur de cinéma de ses amis.  J’écoute les louanges, elle est tellement enthousiaste que j’en ai les larmes aux yeux. Elle me demande si le roman (elle avait lu la version pdf qu’elle avait imprimée) va être réédité, qu’elle est âgée certes mais qu’elle se nourrit de projet et que si le livre venait à reparaitre, elle tenterait un scénario. Bon je lui raconte ma mésaventure (désenchantement) et elle me demande le numéro de téléphone de la dame. Je lui donne et j’essaie d’oublier, les faux espoirs me laminent.

Véra, oui, Véra Belmont, me recontacte quelques jours après. Elle est contente et me demande si je le suis aussi, si « la dame » m’a bien appelée comme elle lui a promis. Je lui ai dit la vérité : non, je n’ai eu aucun contact. Je sens Véra agacée, du coup, elle me confie que la dame lui a proposé d’autres livres à mettre en lumière…

C’est quoi ? C’est karmique mon truc ? Je ne comprends pas ce que je paye, peut-être dans une vie antérieure j’ai gaffé ?  

Arf ! Tant pis, j’y ai cru… 2020 arrive…. et, pour moi, une nouvelle vie avant l’effondrement.

25 mars 2019

Il suffisait de demander.

Je me regarde une fois par jour : le matin, au moment de me maquiller, oui je me farde, peu, juste les yeux, mais je ne m'imagine pas sortir sans cet artifice. Ce n’est pas pour essayer d’être plus jolie (il y a longtemps que j’ai appris à me contenter...
25 août 2018

travaux d'été et inspiration.

Pendant la période estivale je m’active en divers domaines, apiculture maçonnerie, maraichage, etc… Et cet été j’ai repris gout à l’écriture, voui, le « à suivre » à la fin de « chronorome, requiem… » me démangeait. Et comme je n’ai plus d’éditeur, ben du coup j’ai songé : tant qu’à ne pas être publiée autant écrire ce dont j’ai vraiment envie. 

J’ai emmené mon ordi portable à Boule d’Amont et pendant mes pauses je me suis offert le plaisir d’écrire en pleine nature à l’ombre de mon plaqueminier. C’était chouette, même si ça partait un peu dans tous les sens au niveau de l’intrique. Histoire de laisser couler le flux j’ai ouvert de nouveaux dossiers. Il y avait trop de personnages qui demandaient à vivre je les ai laissé venir. Au gré de cette sérendipité dans la narration j’ai fini par m’attacher à une gamine de six ans. J’avais comme toile de fond Villonne et je faisais évoluer mes personnages dans la classe moyenne, histoire de voir dans mon Disneyland préfasciste comment réagissaient les mous, les ceussent qui prennent parti de loin, afin de ne pas risquer de perdre leur petit confort. Pour le besoin de l’histoire, il y a eu une incursion chez les gueux… J’ai eu l’impression de revenir sur mon vrai terrain de jeux.  Là, d’un coup tout se mettait en place et s’imbriquait, j’étais bien.

Et puis mon vieux chat est mort. Quelques jours avant en rentrant un soir d’orage j’avais trouvé sans la rue un jeune martinet incapable de voler. Je l’avais installé dans une corbeille sur la terrasse et je lui donnais à manger (enfin ça ressemblait plus à du gavage, mais bon, j’avais regardé des vidéos pour apprendre à l’alimenter).

Mon veux matou qui s’étiolait ces derniers temps m’accueillait depuis quelques semaines avec des miaulements péremptoires, son truc, c’était de lui changer son eau, pratiquement toutes les heures si j’étais à la maison, et au moins dès que je rentrais. Il récriminait jusqu’à ce que je prenne sa gamelle et que je change l’eau et comme je versais celle dont il ne voulait plus dans le pot des plantes de la terrasse j’ai fini par en faire crever une à force de trop d’arrosage. Mais, c’était mon petit vieux un peu sénile et comme il continuait d’aller gentiment faire dans sa caisse ses litres de pisse (devait avoir les reins un peu niqués) je souscrivais à son caprice. Cette fois-là en rentrant je l’ai entendu miauler dans mon bureau, il avait un coin qu’il affectionnait, sous un fauteuil à bascule en fibre de bananier (59 euros chez Ikea). Je me suis dit que j’allais d’abord nourrir le piaf avant d’aller faire joujou avec la flotte du chat. Puis j’ai réalisé qu’il miaulait dans le bureau et que sa gamelle était dans la cuisine. Le piaf n’en finissait pas d’ingurgiter ses quatre boulettes et le chat miaulait. J’ai dit plusieurs fois très fort pour qu’il m’entende de la terrasse « J’arrive pépère, j’arrive ». Avec le temps son nom Simba ( le roi lion est passé par là) était devenu « pépère ».

J’avais soif, je suis passé par la cuisine boire un truc frais, le chat ne miaulait plus alors j’ai pris le temps de siroter mon panaché framboise. Lorsque je ne suis enfin montée dans mon bureau j’ai eu d’un coup un terrible pressentiment. Imbécile que je suis ! Mon pauvre matou ne miaulait pas, il agonisait… Et je suis arrivée trop tard, peut-être quelques minutes voire secondes, il était encore tout chaud.

Dans mon imagination qui m’invite à l’anthropomorphisme je me dis que se voyant mourir il s’est accroché jusqu’à mon retour et qu’il a usé ces dernières forces à m’appeler. Et moi, pendant ce temps je m’occupais d’un piaf assez con pour tomber du nid. Mon brave chat qui m’a tenu compagnie pendant 17 ans est mort, seul. J’ai bercé sa tiède dépouille jusqu’à ce qu’elle soit affreusement froide. J’ai déposé son cadavre dans un carton (détail absurde : c’était le l’emballage de l’aspirateur qui lui faisait si peur). Le lendemain avec pelle et pioche je l’ai enterré à l’ombre des merisiers sous l’œil intéressé de ma jeune chienne.

Tristesse et culpabilité ont terni ma fin d’été.

Le piaf lui va bien, enfin je l’espère, quelques jours après il s’est envolé, comme mon inspiration.

 

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3 mars 2018

Une critique sympa de Phil Becker.

http://imaginr-chroniques.blogspot.fr/2017/12/vous-aurez-de-mes-nouvelles-dans-les.html

 

19 octobre 2017

Retour à Tours et le miel de la révolte.

 

Je suis invitée à Polar sur Loire, ça se passe à Tours le 25 novembre. Je suis super contente puisque cela me permet une sorte de pèlerinage.

Je réside dans les Pyrénées Orientales depuis presque 30 ans.  Mais, j’ai vécu à Tours une période particulière, celle de mon adolescente jusqu’à mes premières années – de ce qu’on appelle maintenant – de jeune adulte, donc on va dire dix ans.

Je suis passée de l’institution Sainte Jeanne d’Arc Notre Dame de la Flèche (en Sarthe) pour intégrer le CES Pasteur à Tours au cœur de la cité du Sanitas.

Pour qui connait Tours, des rives du Cher jusqu’au bout la rue Nationale c’est une ligne droite de deux kilomètres et demi. J’ai arpenté la ville d’un bout à l’autre puis dans tous les sens, à pied, toujours à pied, il y avait bien le bus mais je n’avais pas beaucoup d’argent de poche et marcher à travers une ville est encore le meilleur moyen de la connaitre.

Evidemment tout va avoir changé, j’ai changé moi aussi. Un matin de Janvier 1985, j’ai quitté Tours dans une vieille Ford Taunus break. Je reviens à bord de mon pick-up Nissan Navara, j’aime bien les véhicules trop grands pour moi. Ma mémé Graff me disait : ne t’attache pas à ce qui ne rentre pas dans une valise, je vois un peu plus grand : je ne m’attache pas à ce qui ne tient pas dans mon véhicule. Dès fois que… En 1985 je partais avec une envie d’écrire jamais avouée à personne, je reviens avec mes bouquins. Le dernier, « Vous aurez de mes nouvelles dans les journaux » écrit il y a quelques années, a pour décor une station-service basée à Tours:-).

Le miel de la révolte !

Ce miel 2017 que j’ai réussi à produire cette année, une personne connaissant mon parcours l’a nommé par boutade : le miel de la révolte.

Lorsque j’ai démissionné de mon emploi de fonctionnaire je n’ai vu que de la crainte autour de moi. On me plaignait, folle inconsciente que j’étais. Je quittais la sécurité pour faire quoi ? Rénover une vieille bâtisse à l’orée d’un village perdu dans l’arrière-pays ! Faire de l’apiculture et écrire des histoires ! Ben oui, je voulais faire ça moi. Mais tu vas être pauvre ! Certes, mais au moins ma vie est riche. Je vais pas mentir, je ne « travaille » plus au sens latin du terme mais j’ai, on va dire : énormément d’activité physique. J’ai bataillé tout l’été contre les frelons asiatiques, j’ai essuyé les moqueries de quelques personnes, j’ai bravé la chaleur, transpiré (j’en ai chié) mais j’ai réussi à récolter un putain de miel délicieux, le miel de la révolte : la mienne. Je ne voulais pas mourir lentement dans la torpeur de la sécurité de l’emploi.  Je ne voulais plus de ce confort-là.

J’ai écrit aussi, dans ma tête, tandis que je me battais avec les putains de genêts –il parait qu’il faut les couper trois fois avant qu’ils disparaissent pour de bon– mon imagination a commencé à vagabonder, j’ai vu se dessiner des personnages, je me suis attaché à certains et voilà que se dessine doucement une possible suite à « Chronodrome : Requiem… » oui, cette histoire qui m’est si chère.

Ecrire : je sens que je vais m’y remettre… demain ou après-demain, bientôt.

Cette ville, Villonne, basée dans le sud où se déroule l’histoire de Concerto pour l’abattoir et de Chronodrome. Cette ville que je décris, avec ses deux ponts, la place Jean Jaurès et son palais des sports. Cette ville me manquait.

Villonne, en réalité, c’est Tours sous la pluie…

 

 

 

 

 

2 mars 2017

Petite surprise de la vie... C'est tragique mais ça reste comique et me permet une chute sympa... Mais vrai.

Faut que je le raconte à quelqu’un... Oui, je pourrais en faire une nouvelle, mais bon, entre ce que j’écris et ce que je réussis à faire publier autant que je relate ça sur le blog… Il est d’ailleurs question d’édition.

J’étais invitée à Nîmes en Noir pour parler de mon  peu diffusé « Chronodrome : Requiem ». Les organisateurs sont sympas (ben évidemment vu qu’ils m’invitent et même qu’ils aiment cette histoire). Il y était question de la « marge », de la marginalité.  

Comme d’habitude je perds un peu mes moyens, j’écoute les autres et j’ai l’impression que lorsque ce sera mon tour ils auront tout dit. Je passe donc sur le contenu de mon intervention. A la fin je précise quand même que je suis tellement en marge que je n’arrive même pas à dénicher un éditeur avec une diffusion nationale…

Arrive le moment où nous passons à table, il y a cet instant de flottement où on n’ose pas s’asseoir. Mon éditeur au grand cœur celui qui me publie en local en sachant qu’il ne peut me propulser en dehors du département, tergiverse et comme je nous trouve un peu ballots à tripoter les dossiers des chaises, je finis par prendre place au hasard. Hasard, mon ami hasard… Une dame, une éditrice se retrouve donc à côté de moi elle est ainsi face à son auteur (une femme) qu’elle accompagne.

Gentiment, elle me demande pourquoi, ou comment je ne sais plus bien, j’affirme avoir des difficultés pour être publiée.

– Ben par exemple, j’envoie mon texte chez vous en priorité car je pensais correspondre à votre ligne éditoriale mais je suis retoquée.

Mon interlocutrice me regarde un peu étonnée. Elle ne pense pas avoir eu mon texte un jour sous les yeux. Bon, c’était il y a longtemps, juste après Cylibris, je lui donne les dates, je précise … Bref. Nous convenons que c’est un acte manqué. Pas grave du tout. Tiens, tu parles, je suis juste en train de tailler la bavette avec l’éditrice dont je rêvais et qui me dit qu’elle m’aurait bien vue appartenir à sa maison. Je reste souriante, tranquille, la vie m’a appris à camoufler mes émotions.

Comprenez-moi, cette dame ne se doute pas qu’elle et sa maison d’édition représentaient le summum, l’aboutissement. Lorsque j’écrivais la nuit, j’espérais alors que c’est chez elle que mes manuscrits deviendraient livres. Parce que je voulais être éditée par cette femme, parce que j’aimais le nom de sa maison d’édition, le format de ses ouvrages, parce que les propos qu’elle tenait dans les interviews, que j’avais pu glaner sur internet, lorsqu’elle définissait sa ligne éditoriale, semblaient me correspondre.

Le jour où j’avais essuyé sa lettre de refus pour Chronodrome, ma déconvenue a été si grande que je n’ai même pas tenté d’autres éditeurs nationaux.

On sympathise, on discute, au lieu de mourir de chagrin je mange ma salade de chèvre chaud. Je boirais bien pour oublier, le vin blanc n’est pas mauvais, mais je dois encore parler aux gens dans l’après-midi, parler de mon livre, de mes personnages.

Elle bataille avec sa viande et moi, je lorgne ses frites… Je ne mange pas de mammifère or les frites accompagnent souvent les plats de viande.

– Tu ne manges pas tes frites ?

Non, vas-y, prends.

Elle ne m’a pas publié, mais j’ai mangé les frites dans l’assiette de Marion Mazauric !

 

21 avril 2016

Mais pourquoi ai-je donc tué Victor ?

 

Dernièrement j’ai accepté l’invitation de Lectures et Rencontres de Canet en Roussillon par l’intermédiaire de Fabricio Cardenas le directeur de la médiathèque de Canet. Dans un premier temps  J’avais songé alléguer des trucs et des machins qui empêchaient de répondre à l’invitation (oué, je ne suis pas en forme en ce moment et je venais de botter en touche une autre invitation à « animer » une soirée, la dame m’avait dit «  vous parlerez de vos livres etc»). Franchement je ne suis pas très à l’aise pour « parler » de mes histoires. Donc oui, j’invente des prétextes, je n’ai pas encore assez d’aura pour avouer : non ça m’emmerde ! On ne sait jamais, hein, des fois que le jus reviendrait, il ne faut pas se griller bêtement. Et puis Fabricio me dit, « le club des lecteurs a lu Requiem… Ils voudraient vraiment t’en parler surtout que la moitié des lecteurs n’a pas aimé, certains ont été choqués, c’est très tranché, ceux qui ont adoré et qui, du coup, ont lu tes autres livres et ceux qui ont été interpellés par la cruauté et la violence. Ce serait une sorte de débat…

Bon, là, ce n’était plus la réunion Tupperware… J’ai dit ok. Tout d’abord parce que Requiem reste mon histoire préférée, celle qui me reste à l’esprit, celle où j’ai envie de retourner afin d’y retrouver David-Lenny et Samuel que j’ai lâchement abandonnés au sommet d’un piton rocheux en écrivant « à suivre »  en guise de final.

Les gens avaient donc lu, on allait pouvoir causer vraiment, ma prestation ne serait pas un monologue dont le but serait de « vendre » des livres.

Je me suis rendue à la salle de l’écoute du port le 6 avril à 18 heures. Il y avait plein de gens ! Si, si au moins une quarantaine. Et je me suis dit que c’était super que Requiem (livre qui se vend mal) avait été lu par tous ces gens :-)  regroupés en cet endroit.

Je remercie le monsieur dans le public ( il n’y en a pas  beaucoup des messieurs dans les clubs de lecture)  dont je ne connais pas le nom mais dont je retiens le visage qui m’a gentiment interrompue, lorsqu’il a vu à quel point je pataugeais, pour, bien mieux que moi, résumer l’histoire et parler des personnages. Ce monsieur m’a sortie de l’ornière dans laquelle je m’embourbais et le débat a pu commencer. Franchement c’était passionnant, une dame par exemple m’a expliqué qu’une scène de viol au début  (en fait une scène de ménage qui tournait mal) l’avait fait refermer le livre définitivement. C’était intéressant dans le sens où, je l’ai fait remarquer à la dame (je pense d’ailleurs qu’elle était l’épouse du monsieur qui lui avait tant aimé), que l’action en question était suggérée par un détail sordide mais qu’elle n’était pas littéralement décortiquée ni complaisamment décrite, l’imagination avait fait le reste…

J’étais contente, j’avais oublié où j’étais, nous causions tous d’un bouquin, chacun donnait son avis, parlait avec passion des personnages (et même du chien Pilou) et de la trame de l’histoire. Et ce bouquin, c’était le mien : ce mal aimé de Requiem.

Et puis d’un coup, une dame qui n’avait pas beaucoup parlé a secoué la tête comme un peu agacée : «  moi, ce que je voudrais savoir, c’est : pourquoi vous avez tué Victor ? ».

Oui hein ! M’a-t-on aussitôt reproché, Pourquoi et de si cruelle manière ?

J’ai répondu la vérité : je me le demande tous les jours…

Mais bordel ! Pourquoi j’ai supprimé Victor ?

Dix ans que je viens renifler cette histoire comme une chien revient inlassablement vers sa gamelle vide en espérant la trouver pleine, dix ans que je me dis : mais bon sang, j’avais mis tel et tel détail, il y avait une raison. J’avais une idée de suite à l’esprit à ce moment-là, et voilà que je ne m’en souviens plus, je bute sur un truc : Victor est morte (ce n’est pas une erreur ce « e » à la fin, Victor est une fille)…

Je regrette de l’avoir tuée.

Aujourd’hui il pleut, je fais une pause dans mes travaux agricoles, je vais fabriquer de la lessive, refaire un cake vaisselle me concocter un nouveau shampooing solide et faire une boulange, pendant que je touillerai et malaxerai j’essaierai de trouver un moyen de poursuivre sans Victor.

Samedi c’est la Sant Jordi, voyons si ce sera sous la pluie.

 

2 janvier 2016

Même trouver un titre pour mon article je trouve ça compliqué :-) ou alors : batterie en charge ?

 

Ecrire ? Pour l’instant je fabrique du savon, du shampooing et je plante des graines sous châssis, je me fabrique des mini serres, je bricole des trucs. Lorsqu’il fait beau, je coupe des branches avec l’élagueuse que j’ai eue à Noel. 

J’ai donc démissionnée de la fonction publique… Pour avoir du temps, pour que celui qui reste soit à moi, pour ne pas mourir tout de suite, parce que lorsque je dis « Dans vingt ans » je flippe… J’ai du mal à m’imaginer en vieille dame.

Quand j’étais gosse et qu’on me demandait ce que je voulais faire plus tard je songeais : écrire des histoires, habiter une petit maison au bout d’un chemin et au bord d’un lac et puis je conduirai  un pickup  pour pouvoir emmener mon gros chien. 

C’était comme ça que je voyais ma vie, mais c’était beaucoup trop long à expliquer à l’adulte qui m’interrogeait en se fichant la plupart du temps de ce que j’allais répondre. Alors je disais : faire pousser des fleurs ou bien je haussais les épaules comme une pauvre môme qui ne sait pas. Mais je savais ce que je voulais.

J’ai la petite maison (il va falloir encore du temps et des travaux) au bout du chemin, je n’ai pas de lac mais une rivière, j’ai repéré un pickup, j’hésite encore sur la race du gros toutou. 

Bodel ! J’y suis presque.

Sauf que : j’ai écrit, mais, je n’écris plus. Parfois pendant que j’élague ou lorsque je touille une mixture mes pensées démarrent une histoire, je me dis «  ça y est ! Ça revient ». Et puis, j’arrive devant mon ordi, c’est la pagaille sur mon bureau, je suis pétrifiée à l’idée de ranger. Je glande… Le lendemain j’ai oublié l’embryon d’histoire. Les thèmes qui m’étaient chers autrefois : les faibles face à l’adversité ne me remuent plus l’imagination, je m’en fiche, tant pis pour eux.

 Je lis beaucoup surtout la nuit, alors évidemment le lendemain je suis claquée et je me traine. J’écoute les ceusses  qui claironnent leurs manuscrits sur le feu, leurs éditeurs impatients, leurs succès. Moi ? Ben je sais faire du savon et j’entends bientôt me pencher sur l’apiculture… Je n’ai aucun éditeur engoué par les manuscrits qui sommeillent dans mes tiroirs.  J’ai compris qu’il fallait faire partie d’un cénacle qu’il fallait courir les salons littéraires, jouer des coudes, se pousser du col… que des  trucs qui m’ennuient (pour être polie).

2015 a été une drôle d’année, je ne fais pas allusion aux actualités, là, égoïstement  je cause juste de moi : pas de mariage mais trois enterrements. Ma démission différée depuis trois ans  je vous évite les atermoiements de ma hiérarchie et les négociations qui ont trainé tout ce temps) enfin réalisée. Bref : il s’est passé des choses… Je me dis que mon inspiration est en berne pour mieux revenir, je recharge les piles, ou pas.

Allons, je vous souhaite une bonne année 2016 parce que j’espère toujours le meilleur pour mon prochain.

 

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