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Gil Graff
diable vauvert
14 mars 2021

Les autres...

 

Il y a une chose que j’ai rarement confié, l’âge venant je me lâche, autant être honnête et dire les choses : j’ai du mal avec « les gens ».

 

J’ai longtemps cru que c’était pour tout le monde pareil, mais parait que non… Par exemple quand on m’interpelle alors que je suis dans ma bulle, ça me fait mal sous la peau. C’est une réaction étrange, une sorte d’ulcération généralisée, ça se tord sous mon derme comme si tous mes nerfs vrillaient. Ce n’est pas à confondre avec un banal agacement, c’est une réelle douleur, vive, au point de serrer les dents en attendant que ça passe.

 

Et il n’y a pas que lorsqu’on me parle, parfois il me suffit seulement d’entendre soudain « l’autre » quel qu’il soit, simplement respirer trop fort pour que tout en moi se hérisse douloureusement.

 

Avant le Covid il y avait une mode que je ne cessais  d’esquiver, la putain de caresse dans le dos au moment de se quitter. Déjà que faire la bise me gonfle il fallait aussi parfois encaisser le « chaleureux » frotti frotta dans le dos censé communiquer la bienveillante amitié de l’autre humain. Arf !

 

Et je m'abstiens de répondre à ces mots qui ont le don de m’énerver : Prends bien soin de toi !  A Chaque fois je me représente au sortir du bain en peignoir, vulnérable, en train de me faire un masque de beauté… Mais de quoi il se mêle l’autre con ou l’autre conne pour me dire d’aller me laver et me faire un gommage ? ! Prends bien soin de toi… Je n’arrive pas à saisir le sens de ce message, je le trouve limite intrusif…

 

Je suis souvent mal coiffée, les cheveux trop longs pour avoir une coupe définie qu’il suffit de retaper.  Aller chez le coiffeur m’angoisse… En plus il faut prendre rendez-vous. L’enfer, pendant plusieurs jours  je me dois me préparer à ce qu’on me touche et qu’on me parle. Ce que je voudrais c’est qu’on me coupe les cheveux quand j’en ai le courage, lorsque que je me sens prête enfin à m’engouffrer dans un salon avec des inconnus et que je dise « allez-y bordel ! Coupez-moi les cheveux et qu’on en finisse ! Ben non, faut prendre rendez-vous… Pour abréger le supplice, la plupart du temps je ressors les cheveux mouillés avec une coupe qui ne me plait pas parce que tétanisée par l’anxiété je n’ai pas su(pu) expliquer ce que je voulais…  

 

Je suis invitée en mai au salon du livre de Limoges à l’occasion de la réédition de « Personne ne parlera de nous lorsque nous serons morts » Au Diable Vauvert (enfin ! Chic !) Je suis contente… Mais lorsque j’ai annoncé ça à un ami, sa première réaction a été de me dire en regardant ma trop longue tignasse ébouriffée par la tramontane : d’ici là tu as le temps d’aller chez le coiffeur…

 

Il va falloir que je prenne rendez-vous…

 

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2 mars 2017

Petite surprise de la vie... C'est tragique mais ça reste comique et me permet une chute sympa... Mais vrai.

Faut que je le raconte à quelqu’un... Oui, je pourrais en faire une nouvelle, mais bon, entre ce que j’écris et ce que je réussis à faire publier autant que je relate ça sur le blog… Il est d’ailleurs question d’édition.

J’étais invitée à Nîmes en Noir pour parler de mon  peu diffusé « Chronodrome : Requiem ». Les organisateurs sont sympas (ben évidemment vu qu’ils m’invitent et même qu’ils aiment cette histoire). Il y était question de la « marge », de la marginalité.  

Comme d’habitude je perds un peu mes moyens, j’écoute les autres et j’ai l’impression que lorsque ce sera mon tour ils auront tout dit. Je passe donc sur le contenu de mon intervention. A la fin je précise quand même que je suis tellement en marge que je n’arrive même pas à dénicher un éditeur avec une diffusion nationale…

Arrive le moment où nous passons à table, il y a cet instant de flottement où on n’ose pas s’asseoir. Mon éditeur au grand cœur celui qui me publie en local en sachant qu’il ne peut me propulser en dehors du département, tergiverse et comme je nous trouve un peu ballots à tripoter les dossiers des chaises, je finis par prendre place au hasard. Hasard, mon ami hasard… Une dame, une éditrice se retrouve donc à côté de moi elle est ainsi face à son auteur (une femme) qu’elle accompagne.

Gentiment, elle me demande pourquoi, ou comment je ne sais plus bien, j’affirme avoir des difficultés pour être publiée.

– Ben par exemple, j’envoie mon texte chez vous en priorité car je pensais correspondre à votre ligne éditoriale mais je suis retoquée.

Mon interlocutrice me regarde un peu étonnée. Elle ne pense pas avoir eu mon texte un jour sous les yeux. Bon, c’était il y a longtemps, juste après Cylibris, je lui donne les dates, je précise … Bref. Nous convenons que c’est un acte manqué. Pas grave du tout. Tiens, tu parles, je suis juste en train de tailler la bavette avec l’éditrice dont je rêvais et qui me dit qu’elle m’aurait bien vue appartenir à sa maison. Je reste souriante, tranquille, la vie m’a appris à camoufler mes émotions.

Comprenez-moi, cette dame ne se doute pas qu’elle et sa maison d’édition représentaient le summum, l’aboutissement. Lorsque j’écrivais la nuit, j’espérais alors que c’est chez elle que mes manuscrits deviendraient livres. Parce que je voulais être éditée par cette femme, parce que j’aimais le nom de sa maison d’édition, le format de ses ouvrages, parce que les propos qu’elle tenait dans les interviews, que j’avais pu glaner sur internet, lorsqu’elle définissait sa ligne éditoriale, semblaient me correspondre.

Le jour où j’avais essuyé sa lettre de refus pour Chronodrome, ma déconvenue a été si grande que je n’ai même pas tenté d’autres éditeurs nationaux.

On sympathise, on discute, au lieu de mourir de chagrin je mange ma salade de chèvre chaud. Je boirais bien pour oublier, le vin blanc n’est pas mauvais, mais je dois encore parler aux gens dans l’après-midi, parler de mon livre, de mes personnages.

Elle bataille avec sa viande et moi, je lorgne ses frites… Je ne mange pas de mammifère or les frites accompagnent souvent les plats de viande.

– Tu ne manges pas tes frites ?

Non, vas-y, prends.

Elle ne m’a pas publié, mais j’ai mangé les frites dans l’assiette de Marion Mazauric !

 

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